Alors que le Web3 gaming prend de l’essor, la licorne française Sorare qui propose de la fantasy football, le tout sans filets de sécurité, se retrouve dans le collimateur de l’Autorité Nationale des Jeux (ANJ). Les avancées technologiques sculptant au fil de l’eau le paysage numérique, toute innovation entraîne des changements et donc de nouvelles réglementations comme aux premières heures du Web 2.0.
Au Conseil des Ministres, un nouveau projet de loi concernant l’horizon ludique de la blockchain a été mis sur la table ce mercredi 10 mai 2023. Pour le gouvernement, il devient urgent de réguler ces jeux en ligne qui, en étant décentralisés, peuvent permettre aux internautes de s’affranchir du système via les cryptomonnaies ou les jetons non fongibles (NFT). Voyons comment il compte s’y prendre pour éviter les dérives!
Dans quelle case ranger les jeux émanant de la blockchain par rapport aux paris sportifs ou aux jeux de hasard et d’argent (JHA)? C’est une question épineuse à laquelle doivent répondre les législateurs! Pour ne pas trancher et risquer de priver le Web de son originalité, il devrait être décidé de couper la poire en deux en privilégiant un “régime pionnier”.
Grâce à une voix d’ordonnance, la loi pourra rapidement évoluer “afin de définir les jeux à objets numériques monétisables, leurs conditions d’exploitation, et de fixer le cadre de régulation de ces jeux”. Ce n’est pas une mince affaire car il faut encore un mode d’emploi pour déchiffrer les enjeux du Web3 qui sont de pouvoir lire, écrire et surtout posséder sans passer par un tiers bancaire ou de confiance puisque les paiements sont dits “natifs”.
Toujours est-il que les obligations seront moins lourdes pour les jeux de la blockchain que pour les jeux de casino qui sont plus sujets au blanchiment d’argent! Mais qu’en est-il de la protection des mineurs qui sont les plus à même de se prendre de passion pour Sorare ou son concurrent Unagi? Quand on pense qu’une célébrité comme Kylian M’Bappé est un fervent supporter de Sorare jusqu’à en être devenu l’ambassadeur, la lutte contre les addictions aux jeux est loin d’être terminée!
La frontière étant mince entre les jeux d’argent prohibés et les nouveaux jeux sans cadre juridique, le gouvernement devrait étudier ce nouveau projet de loi avant cet été pour définir quelles seront les modalités d’agrément. Le tout n’est pas d’interdire mais d’encadrer et de surveiller les casinos en ligne ou les start-ups françaises (notamment Sorare dont l’AS Saint-Etienne est partenaire), comme l’Autorité Nationale des Jeux l’a toujours fait!
L’argent réel étant le nerf de la guerre, il faut bien admettre que les NFT donnent parfois autant de fil à retordre à l’État qu’aux nouveaux utilisateurs. Sur sa plateforme à portée mondiale, Sorare vend des cartes de joueurs à succès qui vont de la carte unique à la carte Limited en passant par la carte Super Rare, grâce à la technologie blockain Ethereum qui en garantit l’authenticité. Gavin Wood peut être fier de sa co-fondation datant de 2014, à savoir l’Ethereum, un paiement dématérialisé.
Depuis peu, Sorare va élargir son offre grâce à un partenariat avec la ligue de Baseball américaine MBL. La jeune société mise sur pied en 2019 se paie même le luxe d’avoir un nouveau siège à New York... Quant à Unagi, structure reposant cette fois sur deux anciens d’Ubisoft et capable d’investir 4,7 millions d’euros dans un jeu, elle va sortir une nouvelle déclinaison de son jeu “Ultimate Champions” pour le Basketball. Les cartes virtuelles et numériques représentant les héros du sport ont un bel avenir devant elle!
Ensuite, les acquéreurs de ces cartes 3.0 peuvent recevoir des récompenses et même les échanger comme au temps béni des vignettes Panini dont se souviennent la plupart des enfants des années 80. Aux yeux de l’ANJ, ces transactions 
pourraient s’apparenter à des paris sportifs vu l’espoir de multiplier ses gains en fonction de la valeur que les joueurs de football dont le visage s’affiche sur les cartes prennent sur le terrain de la véritable vie.
Désormais, 1,8 millions de jeunes utilisateurs empruntent le chemin de cette plateforme en ligne, et priver Sorare de cette manne financière serait fatal. Co-fondateur en 2018 de la start-up Sorare qui pèse plus de 4 milliards d’euros, Nicolas Julia, se félicite de la bonne tournure prise par les événements, à savoir le compromis passé avec l’ANJ en novembre 2022 qui lui permet de continuer l’aventure, heureux de “voir comment l’innovation est accompagnée en France”.
À condition de favoriser la gratuité tout au long de l’année 2023 et de respecter les règles du jeu, Sorare peut, pour le moment, évoluer à son rythme sans restriction outre-mesure. En attendant que le gouvernement adopte une nouvelle loi en termes de régulation, il se pourrait bien que la Française des Jeux lui emboîte le pas en créant elle aussi de nouveaux types de jeux en lien avec les NFT, à l’instar du PMU qui, sur ce terrain, ne l’a pas attendue!
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