Les casinos ont longtemps été la proie du crime organisé. Quand le casino n'était pas une magnifique machine à blanchir de l'argent, il pouvait être vidé avec parfois des plans ubuesques qui ont marché et qui sont devenus de la matière pour remplir les salles obscures du monde entier. La littérature et le cinéma ont fait de ces bandits de vrais héros. Même s'il est plus moral de voler les riches que de braquer la mamie et ses économies, nous ne pouvons faire l'apologie de ce qui est illégal. Pourtant, nous allons vous raconter comment deux gangs différents ont escroqué les casinos et cette fois sans passer par des hackers et des failles des réseaux informatiques. On est sur des affaires où les belligérants sont de la veille école ou des opportunistes de talent. La réussite n'est pas forcément au tournant.
Le gang des tricheurs ou la technique de la poussette
On entend souvent que cette technique a été rendue obsolète par la multiplication des caméras dans les casinos et le développement d'un logiciel qui signalerait tous les mouvements hors norme aux vigiles du centre de sécurité. Premièrement, ce logiciel est tellement secret qu'on peut se demander s'il existe vraiment et deuxièmement, il n'est pas parfait face aux experts de la poussette. La poussette est une technique très simple à comprendre. Elle est efficace aux tables de roulette et à la boule. Il « suffit » de pousser un jeton au moment où la bille s'est arrêtée sur une case. Évidemment, la difficulté est de le faire discrètement au pire des moments, parce que c'est là où le croupier va faire les comptes. La fenêtre d'ouverture pour faire une poussette et de moins d'une seconde. En plus de cette difficulté, il ne faut que personne ne voit le subterfuge : ni les joueurs, ni les croupiers, ni les caméras, ni les vigiles. Cette technique est au niveau de difficulté du pickpocket qui vole votre montre en vous demandant l'heure. La plupart de ceux qui s'y essayent se font prendre la main dans le sac.
Dernièrement, c'est au casino Barrière de Deauville que deux escrocs à la poussette se sont fait prendre par la sécurité du casino. Souvent, les casinos se font discrets quand ils se font avoir, mais quand ils attrapent les escrocs, ils envoient un message à tous les malfrats et autres petits, malins « pas de cela chez moi ». C'est aussi un défi lancé à tous les as. Les deux amateurs se sont en fait révélés être des pros munis des faux papiers. Le gang des tricheurs a opéré durant des années et ne sait jamais fait attraper. Ils ont préféré raccrocher avant d'être pris. Leur technique était ingénieuse, car elles n'étaient pas basées uniquement sur la dextérité et la célérité du pousseur. Ils essayaient de maîtriser au maximum les paramètres extérieurs. Inutile de préciser que pour durer, ce gang était composé de pousseur au talent rare. Le problème qu'ils ont rapidement rencontré, c'est leur notoriété auprès des casinos. Si un joueur gagne 100 000 euros dès qu'il s'installe à une table de roulette, il va éveiller les soupçons et donc focaliser l'attention de tout le personnel du casino. Et même le meilleur pousseur au monde ne peut pas réaliser son geste en focalisant l'attention. L'astuce trouvée par le gang est tout simplement digne d'un film hollywoodien. Ils se grimaient pour éviter d'attirer l'attention. Pour un joueur, il y avait toujours plusieurs complices avec lui. C'est au moment où le pousseur allait faire son geste que les complices étaient chargés d'attitrer l'attention du croupier et parfois même des vigiles. Le croupier n'était jamais choisi au hasard. Ils le choisissaient avec précaution en privilégiant les débutants tout en attendant le moment où il était à la fin de la journée de travail pour qu'il soit fatigué et moins vigilant.
Ils ne se sont jamais faits attrapés et ils ont su s'arrêter lorsque cette vie les a lassés. Ils prenaient plus de plaisir à tricher qu'à gagner de l'argent. Et cela devenait dangereux, non pas avec la multiplication des caméras, mais parce que l'habitude pouvait les rendre moins vigilants. Pour les caméras, ils s'en moquaient complètement. Le temps que le vigile puisse voir le subterfuge, il était déjà dehors. La vitesse d'exécution, les contre-informations lancées par les complices rendaient difficile d'identifier la technique utilisée. Dans le pire des cas, le vigile devait rembobiner - à l'époque, c'était des cassettes à bande – regarder, vérifier. Ils connaissaient tellement bien le monde des casinos qu'ils savaient quand le casinotier avait des doutes. Dans ces cas-là, ils quittaient tranquillement le casino. On peut dire que ce gang est légendaire et qu'il parle rarement à la presse. L'un des membres serait aujourd'hui magistrat! On ne sait pas combien de temps, ils ont pratiqué et combien ils ont gagné. Selon eux les pousseurs existent toujours et si les arrestations sont rares, c'est simplement parce qu'ils sont bons.
Lentilles infra-rouges et encre invisible
Encore une fois, c'est le casino Barrière « Les Princes » à Cannes qui a été victime d'une tentative d'escroquerie plutôt osée et originale. Les escrocs ont péché par gourmandise en s'installant à une table de poker de Texas Hold'em. Ils ont gagné gros sans jamais perdre ; plus de 10 000 euros en moins d'une heure! Si ce n'est pas impossible, c'est pour le moins étonnant pour un casinotier. Les joueurs ont été interpellés avec des lentilles infra-rouges. Les enquêteurs ont suspecté le croupier et le jeu de cartes. Jackpot. Les cartes étaient toutes marquées avec de l'encre invisible à l’œil nu, mais visible avec les lentilles infra-rouges.
Les escrocs sont créatifs, mais les employés des casinos sont vigilants, même si certains braquages de casino ont bien réussi... La guerre est loin d'être terminée !