Hausse des taxes : la FDJ anticipe 45 M€ de pertes en 2025

Le projet de loi de financement de la Sécurité sociale 2025 annonce une révision de la fiscalité appliquée aux jeux d’argent. En ligne de mire : la Française des Jeux (FDJ) qui anticipe une baisse de 45 millions d’euros de son excédent brut d’exploitation (EBE). En cause, l’augmentation progressive des prélèvements sur le produit brut des jeux, incluant les jeux de tirage, les jeux instantanés et les paris sportifs, secteur en pleine expansion. Cette décision, destinée à augmenter les recettes publiques, risque de bouleverser les équilibres économiques du marché français des jeux d’argent, tant en ligne qu’en point de vente.

Une fiscalité plus lourde pour l’ensemble des jeux proposés par la FDJ

Les nouvelles mesures fiscales vont impacter toutes les catégories de jeux gérées par la FDJ. Pour les jeux emblématiques comme le Loto ou l’Euromillions, les prélèvements passeront de 68% à 69% du produit brut des jeux (PBJ). Les jeux de grattage ou de tirage moins populaires verront leur taux grimper de 55,5% à 56,5%.

Mais c’est surtout du côté du pari sportif que le relèvement fiscal est le plus marqué. Dans les points de vente physiques, le prélèvement public passera de 41,1% à 42,1% du PBJ. En ligne, la hausse est encore plus significative avec une progression de 54,9% à 59,3%. Cette augmentation pourrait peser sur les marges de la FDJ et des autres opérateurs agréés à un moment où la concurrence est déjà rude sur le marché du pari en ligne.

La FDJ, acteur historique du secteur, estime que cette réforme réduira son excédent brut d’exploitation de 45 millions d’euros dès 2025. Ce montant, important pour une entreprise cotée en Bourse, reflète un déséquilibre entre l’augmentation des taxes et la capacité de croissance à court terme du secteur.

Un impact direct sur le marché du jeu en ligne

Le marché français du jeu en ligne, particulièrement dynamique ces dernières années, pourrait être contraint de revoir ses modèles économiques. L’augmentation des taxes sur le PBJ réduit la marge des opérateurs, ce qui pourrait se traduire par des offres promotionnelles moins généreuses ou des cotes moins compétitives, en particulier pour les sites de pari sportif.

Cette tendance pourrait également favoriser l’essor de plateformes étrangères non réglementées, attirant les joueurs à la recherche de meilleurs rendements. Dans un environnement fiscal alourdi, le risque d’une fuite vers l’illégalité n’est pas à écarter. Cela pose un défi de taille pour l’Autorité Nationale des Jeux (ANJ) chargée de réguler le secteur tout en préservant un cadre attractif pour les opérateurs et sûr pour les consommateurs.

L’impact pourrait être encore plus visible dans les périodes à forte activité, comme les grandes compétitions sportives. Les opérateurs devront trouver un équilibre entre rentabilité et compétitivité pour conserver leur clientèle, notamment auprès des jeunes joueurs friands de pari sportif sur mobile.

Le marché francophone sous pression mais toujours porteur

Cette hausse des taxes pourrait également avoir des répercussions dans l’ensemble de l’espace francophone. Les joueurs belges, suisses ou canadiens francophones observent souvent les tendances du marché français pour guider leurs pratiques ou leurs choix de plateformes.

Dans ce contexte, les casinos en ligne agréés devront redoubler d’efforts pour offrir des expériences utilisateur fluides, des interfaces modernes et des catalogues de jeux variés. Le secteur, bien qu’impacté par la fiscalité, conserve un potentiel important, notamment grâce à l’essor du numérique et de la crypto-monnaie.

Par ailleurs, les jeux de casino en ligne restent moins touchés par ces modifications fiscales, ce qui pourrait orienter certains joueurs vers ce type de divertissement, au détriment du pari sportif. Cette réorientation des usages constitue une opportunité à saisir pour les plateformes en ligne qui souhaitent se démarquer sur le marché francophone.

La FDJ s’adapte pour préserver sa rentabilité

Face à cette pression fiscale accrue, la FDJ ne reste pas passive. L’entreprise a annoncé vouloir mettre en œuvre un plan d’optimisation interne pour compenser l’impact des 45 millions d’euros estimés d’ici à 2027. Cela passera probablement par des investissements dans le numérique, une réduction des coûts structurels et un renforcement de son offre digitale.

Déjà, la FDJ a montré sa capacité d’adaptation avec l’acquisition du groupe Kindred (propriétaire d’Unibet), qui lui permet de renforcer sa présence sur le marché international du jeu en ligne. Cette stratégie de diversification pourrait amortir les effets de la hausse des taxes, tout en consolidant sa position sur des segments en pleine croissance.

L’objectif affiché par la direction est clair : maintenir une trajectoire de rentabilité durable tout en s’adaptant à un environnement fiscal de plus en plus exigeant. Pour y parvenir, l’innovation et la maîtrise des coûts seront essentielles.

Une fiscalité en hausse qui redessine le paysage des jeux d’argent

La refonte de la fiscalité appliquée aux jeux d’argent aura un impact durable sur les équilibres économiques du secteur. Entre augmentation des prélèvements sur le PBJ et adaptation stratégique des opérateurs, le marché français est en pleine mutation. Les joueurs, eux, devront être attentifs aux évolutions des offres et des conditions de jeu, notamment en matière de pari sportif.

Dans ce contexte mouvant, on observe une dynamique parallèle : la croissance numérique continue de soutenir les performances du secteur. En 2024, la FDJ a enregistré 1,42 milliard d’euros de chiffre d’affaires grâce au développement de ses activités digitales. Cette progression confirme que le numérique reste la clé de voûte de la stratégie des grands opérateurs face aux nouvelles contraintes fiscales.