C'est un coup de tonnerre dans le foot espagnol. Les bookmakers en ligne ne pourraient plus sponsoriser les équipes professionnelles de première et deuxième division espagnole. En pleine crise du Covid, les clubs sont étranglés par l'absence du public et la baisse des droits télé. Pourtant, le gouvernement espagnol veut interdire le sponsoring des sites de paris sportif en ligne. On peut se demander quelle mouche a piqué l'exécutif de la péninsule ibérique, mais avec un peu de recul, on peut trouver du sens à cette mesure.
Protection de la jeunesse et lutte contre l'addiction
Tout comme en France, les paris sportifs sont interdits pour les moins de 18 ans, mais dans la réalité, on sait que de nombreux jeunes parient régulièrement. Les bookmakers en ligne ont beau jouer le jeu en interdisant l'accès de leurs sites aux mineurs, il est impossible de lutter contre cette dérive. Surtout avec les paris sur le football. Une étude a montré que 10% des moins de 18 ans avaient déjà parié. On sait que la plupart vont miser dans les boutiques sur les lotos sportifs comme celui de la FDJ. Les autorités espagnoles estiment que la publicité sur les maillots est une incitation à parier. On voit bien aussi dans les publicités, que les bookmakers cherchent à toucher un public jeune. Les problèmes d'addiction sont aussi pointés du doigt. Pourtant, les sites de paris sportifs mettent à disposition des outils pour réguler le nombre de paris, les montants et les dépôts. C'est vrai qu'une personne jouant avec addiction ne se limitera pas elle-même. L'autre problématique est le rapport incestueux entre le sport et les paris sportif. Quand, une équipe est sponsorisée par un site de paris sportifs en ligne, on peut se demander si le lien ne peut pas amener à des fraudes et nuire à la transparence des cotes. En effet, le bookmaker dispose d'informations que les parieurs n'ont pas grâce à son lien avec son équipe. Le mélange des genres crée toujours de la suspicion.
Ultimatum et panade
Le gouvernement espagnol ne fait pas dans la demi-mesure. Alberto Garzon, Ministère de la Consommation, a écrit directement à 25 clubs pour qu'ils cessent leurs partenariats avec des sociétés de paris dès la saison prochaine avec le 30 août 2021 comme date butoir. L'affaire n'est pas nouvelle. Les clubs avaient demandé un moratoire de trois ans pour s'adapter à cette interdiction. Le gouvernement semble pressé. C'est assez étonnant que l'Etat espagnol s'en prenne au football, alors qu'il avait pour habitude de se montrer souple avec une activité économique qui brasserait six milliards d'euros par an. Les clubs concernés estiment la perte cumulée à plus de 80 millions d'euros par an. Pour le football, on peut penser que c'est une petite somme quand on voit le prix des joueurs et les salaires, mais cela pourrait mettre les clubs les plus fragiles sur la paille. La Fédération espagnole aimerait négocier, mais le gouvernement semble particulièrement attaché à cette mesure et l'ultimatum lui semble assez lointain pour que les 25 clubs trouvent une solution pérenne.
Les négociations ne sont pas encore terminées et on peut espérer que la situation qui semble aller de mal en pis puisse adoucir la fermeté politique. On n'est déjà pas sûr de voir toutes les équipes résister à une deuxième saison de huis clos, alors si l'Etat en plus vient mettre des bâtons dans les roues..