Le 2 octobre 2024, la Française des Jeux (FDJ) a officiellement conclu l’acquisition de Kindred Group, un opérateur suédois bien connu, notamment pour sa marque phare Unibet. Avec un coût de près de 2,6 milliards d’euros, cette transaction marque un tournant significatif dans la stratégie d’expansion de la FDJ et soulève des inquiétudes concernant la concurrence sur le marché des jeux d’argent en France.
Avec l’intégration de Kindred, la FDJ vise à se positionner comme un acteur incontournable sur le marché européen des jeux en ligne. Stéphane Pallez, présidente de la FDJ, a exprimé sa satisfaction quant à cette opération, qui devrait lui permettre d’atteindre des objectifs ambitieux en matière de croissance des revenus et des bénéfices. Cette acquisition s’inscrit dans une série de mouvements stratégiques, y compris l’achat de ZEturf en 2023, renforçant ainsi sa présence dans le secteur des paris sportifs.
Cependant, cette opération n’est pas sans susciter des inquiétudes. L’Autorité de la Concurrence française a déjà mis en garde la FDJ contre le risque de promouvoir des produits de Kindred auprès de sa clientèle de loterie, ce qui pourrait accroître les risques pour les joueurs. Ce type de pratique de vente croisée est au cœur des débats sur la manière dont les monopoles, comme la FDJ et le Pari Mutuel Urbain (PMU), opèrent dans un environnement concurrentiel.
Pour assurer une séparation claire entre ses activités de monopole et commerciales, la FDJ a promis de maintenir des marques distinctes et des bases de données séparées. Par exemple, les clients devront s’inscrire séparément pour accéder aux services de la FDJ et à ceux de Kindred.
Cette situation soulève des questions plus larges sur les monopoles en France. La FDJ et le PMU ont été accusés d’abuser de leur position dominante pour freiner la concurrence des opérateurs privés. Malgré les engagements pris par la FDJ de séparer ses bases de données en ligne et terrestres, des doutes subsistent quant à la mise en œuvre de ces promesses.
D’autre part, la FDJ fait face à une enquête de la Commission européenne sur un paiement de 380 millions d’euros, destiné à couvrir ses monopoles de loterie et de paris sportifs. Cette enquête pourrait remettre en question la légalité de l’aide d’État accordée à la FDJ.
L’acquisition de Kindred ne représente pas seulement un renforcement du marché français pour la FDJ mais aussi une opportunité d’étendre sa portée à l’international. Kindred est présent dans plusieurs pays, notamment en Europe, en Amérique du Nord et en Australie, avec un portefeuille de 30 millions de clients. Cette diversité clientèle permettra à la FDJ d’élargir son offre de jeux et d’améliorer son chiffre d’affaires.
Stéphane Pallez a souligné l’importance de cette opération pour diversifier l’offre de loterie et entrer dans le marché commercial des jeux en ligne, renforçant ainsi la compétitivité de la FDJ à l’échelle européenne.
L’acquisition de Kindred a généré des réactions mitigées sur le marché. Les concurrents de la FDJ, notamment des casinos et d’autres opérateurs de jeux en ligne, ont exprimé des préoccupations quant à une possible distorsion de la concurrence. Nicolas Beraud, patron de Betclic, a averti que l’arrivée de Kindred pourrait bouleverser l’équilibre du marché en France, alors que les acteurs de l’Association Française des Jeux en Ligne (AFJEL) s’inquiètent des conséquences de cette transaction.
La FDJ, pour sa part, a pris des engagements auprès de l’Autorité de la Concurrence, promettant de commercialiser ses offres de jeux concurrentiels sous des marques distinctes, sans lien avec la FDJ. Toutefois, ces promesses rassurent peu les acteurs du secteur qui redoutent l’impact sur la concurrence.
L’acquisition de Kindred par la FDJ représente une étape majeure dans la transformation du paysage des jeux en ligne en France. Alors que la FDJ vise à devenir un « champion européen des jeux d’argent et de hasard », les préoccupations concernant la concurrence et les pratiques commerciales demeurent. Les prochaines étapes, notamment la mise en œuvre des engagements pris envers l’Autorité de la Concurrence, seront cruciales pour déterminer l’impact de cette acquisition sur le marché français des jeux en ligne.
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