Depuis le mois de février 2022, l’état-continent russe est au cœur de la tourmente. Entré en guerre contre l’Ukraine, le pays présidé d’une main de fer par Vladimir Poutine connait actuellement une série de désistements avec ses partenaires économiques. Avec le gel et la saisie des fonds de plusieurs oligarches (biens immobiliers, comptes bancaires, yachts…), les investisseurs étrangers sont désormais frileux quand il s’agit de faire des affaires en Russie. Alors que par ailleurs, les initiatives solidaires du monde du gaming pour l'Ukraine se multiplient, la Russie décline dans ce domaine...
Dernier exemple en date, le groupe NagaCorp. Cette société spécialisée dans les jeux d'argent est l’une des plus rentables au monde et numéro un dans la région du Mékong. Première compagnie cambodgienne à être cotée à la bourse d'Hong Kong, NagaCorp contribue de manière effective au PIB de son pays en développant de multiples projets touristiques et en attirant de nombreux investisseurs étrangers. Elle possède même une équipe de football, le Naga Corp FC, qui évolue en première division cambodgienne. La politique de gestion assumée par son fondateur et actionnaire majoritaire, Chen Lip Keong, consiste à afficher une transparence et une conformité alignée sur les plus grands groupes de divertissements mondiaux. Cette tactique a permis au groupe de prospérer depuis plus d'une décennie et a conféré à ses actionnaires, une croissance notable de leurs dividendes.
Mais récemment, l’entreprise du Mékong a dû suspendre la construction d’un projet colossal sur les terres orientales russes. Vladivostok, connue pour être la grande ville la plus à l’est de la Russie et aussi le terminus du train transsibérien, devait accueillir un projet de casino-hôtel de onze étages, nommé Naga Vladivostok. Avant les récents événements, cette province reculée connaissait un plein essor économique, car beaucoup d’investisseurs ont choisi d’y développer des infrastructures liées au tourisme et au secteur du jeu. Certains experts affirmaient que cette zone de Prymorie, allait devenir le nouveau Las Vegas russe.
Pour ce projet, NagaCorp avait déjà dépensé plus de 80 millions de dollars et les structures étaient quasiment prêtes à accueillir les touristes. Mais le territoire russe n’est plus considéré comme ‘’stable’’ actuellement, surement dû aux sanctions internationales prises a son encontre. Pour se justifier, la compagnie cambodgienne a déclaré que si les conditions étaient favorables lors du lancement des travaux, il y a 5 ans, elles ne le sont plus maintenant. En bref, une explication plutôt vague, sachant que des millions de dollars avaient déjà été investis. Sans doute, le fournisseur de jeux a préféré user d’un ton diplomatique afin ne pas entacher les relations entre la Russie et le Cambodge.
Pour rappel, le Naga Vladivostok devait abriter entre autre une salle de concert de 20 000 mètres carré, des infrastructures touristiques en bord de mer et un parc aquatique. Cerise sur le gâteau, le projet, mené par le cabinet d’architectes Steelman Partners, devait aussi intégrer un hôtel disposant de 120 chambres luxueuses et d’une structure nommée Tigre de cristal ou l'entreprise Summit Asset Holdings a établi ses quartiers.
Au vu de l’avancement de cet immense resort, nul doute qu’un autre investisseur reprendra les rennes de projet pharaonique. L’entreprise Diamond Fortune Holding serait pressentie pour jouer ce rôle d'ici à 2023.
À des milliers de kilomètres à l’ouest de Vladivostok, la province de Crimée, annexée à la Russie en 2014, connait une situation plus favorable.
Même si la politique de Vladimir Poutine est stricte quant aux développements des structures liées aux jeux d’argent sur son territoire, une certaine tolérance est effective depuis quelque temps. Depuis une loi votée en 2006 visant à autoriser les jeux d’argent dans certaines provinces, les investisseurs étrangers y voient une opportunité de faire du business sur ces terres encore vierges dans le secteur.
Après la zone de l’Altaï (sud-ouest de la Sibérie), celle du Primorye (Extrême-Orient) et celle de Kaliningrad (entre la Pologne et la Lituanie), la province de Crimée, située près de la mer noire, s’ajoute à cette liste. Le lieu, que nous pouvons comparer à un Saint-Tropez, est connu des Russes pour ses plages et surtout pour son climat, beaucoup plus clément qu'à Irkoutsk, par exemple… Une zone propice au tourisme qui se verrait bien accueillir des établissements de jeux en vue d’accroitre son attractivité. La communauté internationale ayant fermement condamné à l'époque cette annexion, il sera difficile de voir des investisseurs de la zone Europe ou de la zone US s’y établir. Mais les pays ‘’amis’’ de la Russie, comme le Cambodge ou la Chine, y verront sans doute de nouvelles possibilités d’expansion et de partenariats commerciaux.
L’heureux élu est le village de Katsiveli. Proche de la station balnéaire de Yalta, l’inauguration du premier casino de Crimée devrait s’y faire courant 2022. Reste une ombre au tableau, l’accessibilité au site. L’aéroport de Sébastopol est situé à 73 km de Katsiveli et il sera donc plus difficile pour les touristes de s’y rendre. De plus, il y a peu d’infrastructures hôtelières pouvant accueillir un grand nombre de visiteurs. Reste à voir si le gouvernement russe voudra injecter les fonds nécessaires pour le développement du secteur touristique de cette région.
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