Racisme en ligne : un rapport qui fait froid dans le dos

Grâce à l’avènement des connexions internet haut débit et a l’explosion du secteur des jeux vidéos, des millions d’utilisateurs peuvent jouer et interagir entre eux sur de nombreuses plateformes, gratuites ou payantes. De ce fait, des communautés ont vu le jour où tout le monde peut partager sur ses expériences vidéoludiques, émettre un avis sur un jeu ou, tout simplement, parler de sujets d’actualité. Ce formidable concept peut s’apparenter à sociabilisation du jeu vidéo. Le fait de pouvoir s’entretenir avec une personne qui habite à l'autre bout du monde peut représenter une chance d’en apprendre plus sur une culture, sur un mode de vie et même, pourquoi pas, de perfectionner ses compétences dans une langue étrangère. Selon Andrew Rollings, game-designer et spécialiste de jeux en ligne en général, cette connectivité privilégie le rapport entre les joueurs plutôt que le jeu en lui-même. Ainsi, il est très facile de créer son propre groupe social et ainsi instaurer une relation amicale avec ses interlocuteurs.

Jeux en ligne et streaming : les réseaux sociaux parallèles

D’un autre côté et plus récemment, les sites de diffusion en direct ou sites de streaming, connaissent un tel succès qu’ils représentent, à eux seuls, plus de 50% de la bande passante globale. Nul doute que depuis des années, ce système de diffusion a largement pris le pas sur le réseau télévisuel traditionnel. Ces sites que vous connaissez tous bien (à moins que vous habitiez depuis 50 ans dans un refuge de montagne sans électricité !) comme YouTube, Twitch, Facebook et bien d’autres font partie intégrante de notre quotidien. Ici, chacun est libre de regarder ce qu’il veut, à tout moment, et ce, sur n'importe quel appareil connecté. Les nouvelles stars des médias ne sont plus les vedettes encravatées des années 80, mais bien des streamers, blogueurs ou vlogueurs dont les communautés regroupent des millions de personnes.

Pour éviter d'être bannis de ces plateformes de streaming, ces derniers emploient généralement des modérateurs, qui sont là pour veiller au bon comportement des followers. Mais sur les serveurs de certains jeux vidéos, les discussions ne sont pas ou très peu contrôlées par ces mêmes régulateurs, ce qui laisse malheureusement apparaitre des commentaires à caractère injurieux.

Racisme et harcèlement en ligne : un phénomène qui a tendance à se banaliser

Dans les relations sociales réelles, chaque être humain est libre de donner son point de vue sur n’importe quel sujet ou de ne délibérément pas le faire. Cela dépendra de la personnalité, du caractère ou de l’humeur de chacun. Tout le monde a ses propres convictions, mais les affirmer face à ses interlocuteurs, pourra vous mener à être catégorisé à bon ou mauvais escient.

Dans les interactions virtuelles comme dans les jeux en ligne par exemple, chacun est aussi libre de s’exprimer. Mais toutes les personnes concernées le font sous couvert de quasi-anonymat car, par respect de la vie privée, la majorité des données personnelles ne peuvent être divulguées publiquement.

Et c'est là que le bât blesse, parce que beaucoup se sentent plus courageux derrière leurs écrans que dans une situation réelle. Sachant qu'ils ont peu de chances d'être poursuivis, ils affichent des comportements irrespectueux qu’ils ne pourraient peut-être pas assumer dans la vraie vie.

Une récente étude menée par l'entreprise Preply nous démontre que sur un panel de 1400 joueurs, 90% se disent avoir été victimes d’insultes, de stalking (harcèlement abusif) ou de racisme. Dans le viseur, les MMORPG (jeux de rôle en ligne massivement multijoueur) et les FPS (jeu de tir a la première personne). Dans ces jeux qui demandent précision et rapidité, certaines actions peuvent vous amener vous-même ou votre groupe à perdre une partie en fraction de seconde, ce qui peut engendrer des réactions déplacées de la part de joueurs peu inspirés.

Dans le monde du Poker en ligne aussi, certains cas ont choqué la communauté. En 2015, Philippe Ktorza, joueur de Poker connecté, a subi des propos racistes de son adversaire le traitant de “sale juif”. Ce dernier n’a d’ailleurs pas manqué de prendre une capture d’écran et de la diffuser largement dans les réseaux sociaux, ce qui a suscité l’émoi dans tous les forums de jeux de hasard.

En espérant que ces faits avérés puissent provoquer une réaction chez les éditeurs de jeux vidéos, car les conséquences peuvent être graves. Ce secteur qui génère des milliards d’euros se doit de pouvoir protéger la vie privée de ses clients grâce à des modérateurs plus présents et à une stricte application de la loi.à)

Pour rappel, les peines encourues pour les injures ou les diffamations à caractère raciste peuvent aller de 45000 euros d’amende à un an d’emprisonnement. Et comme toutes les misères humaines trouvent leur source dans celles faites aux animaux, on espère que le spécisme sera, lui aussi, bientôt éradiqué du monde du jeu virtuel, comme du monde réel.