Au Brésil comme au Japon, le statut des jeux de hasard et d’argent est encore soumis à controverse. Malgré une relative souplesse sur le poker au Brésil et un attrait irrésistible pour les Pachinkos au Japon, l’autorisation d’ouvrir des casinos terrestres n’a pas été encore officiellement prononcée de part et d’autre. À l’aube de 2022, il se pourrait que cela devienne “chose promise, chose due” si le Président de la République brésilien Jair Bolsonaro admet enfin que cette création de lieux dédiés aux jeux est cruciale en ces temps de crise pour l’économie nationale. Voyons quels sont les arguments qui pourraient le faire changer d’avis en faveur des jeux d'argent.
Des jeux de hasard et d’argent très populaires au Brésil?
Parmi les jeux de casino, le Poker occupe une place à part au pays du soleil et des aras bleus. À proprement parler, il n’est pas considéré comme un jeu de hasard pur. Il se joue certes avec des cartes mais il fait appel à plus de 95% de technique...et de stratégie! Un bon joueur de Poker ne peut que se féliciter seul de sa victoire contrairement au bingo et aux loteries. C’est pourquoi au Brésil, il bénéficie d’une tolérance spéciale (à mi-chemin entre autorisation et interdiction) que ne possède pas le Japon. Le Texas Hold’Em y aurait même sa confédération organisant parfois des tournois de poker dans toute l’Amérique du Sud!
Partout dans le monde, le Poker est en passe de devenir le jeu de table le plus populaire grâce, en partie, au confinement de 2020. Sans compter le plus gros tournoi de Poker en ligne jamais organisé qui a permis à un brésilien amateur de gagner 1.192.802,46 dollars, c’est-à-dire plus d’1 million d’euros, et ce, en pleine crise sanitaire!
Des casinos en bord de mer pour protéger la population locale?
On le sait, les touristes raffolent des plages brésiliennes comme Copacabana ou Ipanema à Rio de Janeiro. Et leur permettre de jouer librement dans une zone circonscrite au blackjack ou à la roulette ne constituerait pas une invitation à la dépense excessive pour le reste des habitants. D’ailleurs, l’homme d’affaires international et casinotier, Sheldon Adelson, longtemps détenteur du Las Vegas Sands, était venu à plusieurs reprises proposer l’édification d’hôtels-casinos dans ces stations balnéaires phares, mais sans succès.
La pauvreté étant un sujet épineux au Brésil, le Président de la République ne voit pas d’un bon oeil ce risque supplémentaire d’affaiblir davantage tout un pan de la société par des jeux d’argent. Rappelons que la pandémie mondiale a accru les disparités sociales mettant sur le carreau plus de 19 millions de personnes (9% de la population). Dans ce pays d’Amérique Latine, 13% vivent déjà sous le seuil de pauvreté, et l’inflation ronge quotidiennement le pays avec une augmentation du prix de la nourriture de 14%.
À ce dur constat, le Ministre du Tourisme, Marcelo Alvaro Antônio oppose que la légalisation des casinos représenterait une manne financière dont on aurait tort de se priver au vu de la situation. Et selon lui, le tourisme ne s’en porterait que mieux puisque la fréquentation a baissé de 39% en 2020. En effet, redevenir un Eldorado pour les jeux de casino comme au temps du Copacabana Palace ne serait pas du luxe! D'autant qu'avec Internet, les Brésiliens ont de toute façon accès aux casinos en ligne et autres sites de jeux payants.
Une nouvelle opposition au veto du Président par le Congrès national brésilien?
Quand il s’agit de préserver l’économie ou l’équilibre du pays, le Congrès national répond toujours présent. Déjà en novembre 2020, les législateurs avaient réussi à préserver l’exonération
des charges sociales pour les entreprises en difficulté, contre l’avis négatif du Président Bolsonaro. Le Congrès étant attaché à la création d’emplois et à leur maintien, la réouverture légale des casinos terrestres leur semble être une priorité.
Pour lors, un Comité se tient au Congrès étudiant tous les textes de lois susceptibles de rendre la légalisation effective des établissements de jeux dans les plus brefs délais. Sur la table, une estimation de 200.000 nouveaux emplois liés au domaine du divertissement est en jeu. Mais ce qui pèse le plus dans la balance, c’est une perspective de récupérer 1,3 milliard de dollars par l’entremise de taxes pour l’État, en plus des 5 milliards de dollars de recettes prévus par an! Cet argument fiscal de poids pourrait balayer au final la peur exagérée de creuser un fossé toujours plus grand entre riches et pauvres.
Plus que de forcer la main au Président, le Ministre du Tourisme fera prochainement des propositions à même de remettre en selle toute une nation, et il pourra compter sur un lobbying en faveur des hôtels-casinos qui y travaille d’arrache-pied depuis plusieurs années.
Le Brésil aurait tout à gagner en légalisant les casinos. Les touristes de Las Vegas pourraient même changer de cap et rapidement préférer les longues plages de sable fin aux déserts arides du Nevada!