À Paris, les buffets festifs et clandestins ne touchent pas que les personnalités du show-business comme Pierre-Jean Chalençon féru de prestige napoléonien, loin s’en faut! On retrouve également des casinos terrestres improvisés dans des immeubles bourgeois du XIème arrondissement, et ce, en pleine crise sanitaire et sociale!
Ce n’est malheureusement pas la première affaire de ce genre à défrayer la chronique cette année 2021. Les précédentes interpellations d’organisateurs et de croupiers hors-la-loi s’étaient déroulées en avril dans le XVIème arrondissement de Paris, avec la même configuration sur place: salles de jeux d'argent, de massages, de quoi faire des paris sportifs et pleinement se restaurer. Du jamais-vu? Pas pour le Service Central des Courses et des Jeux de la police judiciaire qui se charge des enquêtes sur le terrain.
Pouvoir jouer 24h/24 au poker pour 200 à 300 euros l’entrée, et de sucroît, en toute impunité, n’est jamais au goût des enquêteurs ni des riverains. Même si le quartier semble tranquille voire attractif en ces temps de gentrification massive, on ne s’attend tout de même pas à croiser des serveurs de champagne et de mets de luxe entre deux parties de roulette, au rez-de-chaussée de ce qui fut jadis un restaurant! Cependant, ce lieu désaffecté du XIème a semblé être la cible idéale pour accueillir une vie nocturne digne d’un remake de cinéma.
Il faut dire que le réseau de malfaiteurs avait fait fort en recrutant toute la panoplie du parfait casino. Des croupiers de fortune y côtoyaient des hôtesses et des vrais cuisiniers sur fond d’ambiance feutrée. Quelques jeunes femmes allaient même jusqu’à prodiguer des massages à des joueurs de cartes fatigués, en s’éclipsant discrêtement dans une autre pièce dédiée.
C’est un scénario identique qu’a pu découvrir le commissaire divisionnaire, chef de l’Office Course et Jeux (SCCJ), Stéphane Piallat, lors du démantèlement avenue Foch: “Il s’agissait d’un appartement de quatre étages avec ascenseur intérieur, espaces de jeux, de restauration, des chambres”. Rapidement, la Brigade de recherche et d’intervention (BRI) était venue mettre fin à la mascarade.
Au premier abord, ce qui surprend, c’est le nombre de clients présents sur place. Malgré le contexte de pandémie actuelle, 28 joueurs bravant la loi pour assouvir leur passion du jeu ont été pris sur le fait ce mois de juin 2021, soit attablés près de la roulette, soit dégustant sans complexe un gratin dauphinois. Les enquêteurs ne savaient plus où donner de la tête face à l’opulence certes ostentatoire mais assumée… jusqu’à l’infime détail du révolver d’or gravé sur les jetons de poker!
Comme on n’attire pas les mouches avec du vinaigre, les malfrats avaient mis le paquet sur la décoration, et l’éventail d’offres disponibles comme l’achat prohibé de cigarettes. N’étant pas à son premier coup d’essai, le principal protagoniste a même été qualifié de “voyou d’envergure” par le commissaire du SCCJ. Connu pour trafic de stupéfiants, il semblerait que le quarantenaire ait eu le temps de s’habituer aux voitures de luxe à foison et aux escapades professionnelles au Mexique, avant de se consacrer à l’ouverture du tripot clandestin en question.
Tout était parfaitement huilé tant au niveau de la collecte de l’argent qu’au niveau communicationnel, grâce aux providentielles invitations des réseaux sociaux. L’aventure a été coupée nette en pleine partie de poker, et on ne sait pas qui était gagnant au poker menteur, ni quel “tell” ou autre tactique de jeu a été interrompu, mais le doute plane surtout sur d’éventuels complices encore dans la nature!
Le dénominateur commun de ce type de réseau étant le luxe, il ne serait pas difficile à première vue de les repérer. Bien que les méthodes utilisées par les gangsters pour créer ces champignonnières soient relativement bien connues des services d’enquête telle que la Junalco (juridiction nationale chargée de la lutte contre la criminalité organisée), les ramifications sont profondes et dépassent les territoires.
Ce qui a débuté à Champigny-sur-Marne à l’automne dernier s’est reproduit dans l’immeuble chic de l’avenue Foch en avril. En pleine nuit, la BRI avait procédé à six interpellations et saisi également un véhicule, une arme de poing, et une certaine somme d’argent à 4 chiffres. Néanmoins, ces arrestations n’ont pas empêché des émules de remettre le couvert avec le tripot clandestin du Xième arrondissement.
L’affaire n’en restera sûrement pas là car les casinos clandestins ont tendance à essaimer en raison de la fermeture des lieux de loisirs et de divertissement qui perdure du fait du coronavirus jouant les prolongations. L’année dernière, 14 malfaiteurs turco-kurdes avaient été poursuivis pour “installation et exploitation en bande organisée d’appareils de jeux interdits”, en l’occurrence des machines à sous.
Depuis les années 70, l’exploitation du jeu clandestin attire le banditisme pour son argent facile. Cela ne date pas d’hier et cela continuera à faire les choux gras des journaux sans ternir pour autant la bonne réputation des casinos légaux qui ont pignon sur rue, ou mieux, les casinos en ligne toujours disponibles et pour qui, le jeu vaut vraiment la chandelle!
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